Méditation : que se passe-t-il réellement dans le cerveau ?

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Capacité d’attention augmentée, résistance au stress, meilleure gestion des émotions, augmentation de la créativité, ouverture aux autres, mémoire boostée et même libido dopée, les multiples effets positifs de la méditation sur l’état général ne sont plus à prouver. Mais d’où viennent ces changements si enrichissants pour notre vie ? Comment cet art de la concentration de plus en plus pratiqué à travers le monde agit sur notre niveau de bien-être ?

Le cerveau, un organe qui change et s’adapte.

Les chercheurs en neurosciences ont démontré que le cerveau est un organe qui évolue et surtout qui réagit aux expériences vécues en modifiant sa structure. On parle de plasticité du cerveau. Par exemple après un traumatisme, il a été prouvé que certaines aires du cerveau sont modifiées dans leur activité et même leur anatomie. Dans le cas d’un choc émotionnel traumatique, c’est l’amygdale, région du cerveau connue pour jouer un rôle décisif dans les réponses comportementales et particulièrement dans les situations de peur et d’angoisse, qui voit son activité électrique clairement augmentée.
Autre cas, celui d’un pianiste professionnel. La zone du cerveau qui contrôle le mouvement des doigts est plus développée chez le musicien que chez une personne lambda. Le fait est que tout apprentissage provoque un changement concret dans le cerveau, au niveau de sa structure et de son fonctionnement. C’est ce qui se passe chez l’enfant qui apprend à compter, chez l’adolescent qui apprend une langue étrangère, et chez le méditant, qui apprend à se concentrer…

La méditation, un entraînement du cerveau.

Les premières études scientifiques abouties sont encore très récentes puisqu’elles ne datent que des années 2000, correspondant avec l’émergence des technologies d’imagerie cérébrale. Elles ont été menées aux Etats-Unis et en 2008, c’était même le fameux méditant et moine bouddhiste Mathieu Ricard qui se prêtait à l’expérience. Assis dans son tailleur traditionnel avec le crâne recouvert d’électrodes, un électroencéphalogramme allait révéler son activité cérébrale pendant sa profonde méditation. D’autres études ont permis également de comparer l’activité cérébrale de méditants chevronnés ayant au moins 10 000 heures de pratique à celle de méditants débutants. Et le constat est clair : la méditation induit des changements fonctionnels dans le cerveau, associés à une réorganisation neuronale. Autrement dit, certaines zones du cerveau sont activées et la pratique régulière permet de les entrainer, un peu comme à la salle de musculation où l’on peut décider de développer ses pectoraux ou ses quadriceps. Et les zones justement concernées sont celles qui commandent l’attention, qui gèrent les émotions, et qui conditionnent notre rapport au monde et aux autres.

La méditation augmente le volume de matière grise.

Dans le cerveau, la matière grise c’est ce qui contient les corps cellulaires des cellules nerveuses, c’est-à-dire les neurones. En 2011, une étude américaine a démontré que la méditation augmentait notablement la quantité de matière grise. En effet, après 8 semaines d’apprentissage et de pratique de la méditation par des débutants, ce renforcement cérébral a été observé dans des zones bien spécifiques du cerveau :

  • Le cortex cingulaire postérieur, associé au contrôle de soi.
  • L’hippocampe gauche, contrôlant l’apprentissage et la mémoire, mais aussi la gestion des émotions.
  • La jonction temporo-pariétale, responsable de l’empathie et de la compassion.
  • L’amygdale, à l’origine des sentiments de peur et d’anxiété.

Il est ainsi aisé de conclure que tout ce mieux-être ressenti dans la vie personnelle comme professionnelle des méditants est bel et bien dû à des modifications réelles du cerveau et ne sont pas « juste » une vue de l’esprit ou un conditionnement individuel.

Un cerveau plus jeune plus longtemps.

Au-delà de tous les bénéfices en termes de mieux vivre, la méditation semble être une solution évidente pour contrer les méfaits du temps qui passe. Car comme tout autre organe du corps, le cerveau s’use et vieillit avec les années. Cela se traduit par une perte régulière et inévitable de volume cérébral, la fameuse matière grise. Or une étude a démontré que même si la perte est inéluctable, elle sera beaucoup plus lente chez les méditants. 100 personnes de 24 à 77 ans se sont portées volontaires pour passer une IRM et révéler l’anatomie de leur cerveau. Sur ces 100 personnes, 50% étaient des méditants depuis plus ou moins longtemps tandis que les autres ne pratiquaient pas la médiation. Les clichés résultants de cette étude sont éloquents : la « pente de régression » n’est clairement pas la même chez les deux groupes, et celle des non-méditants est indéniablement plus raide. Et cela est d’autant plus vrai dans certaines zones du cerveau connues maintenant pour être particulièrement stimulées par la méditation, l’hippocampe par exemple. Ce qu’il se passe en fait, c’est que le gain neuronal dû à la pratique compense la perte due à l’âge. La méditation serait donc un neuroprotecteur général en luttant efficacement contre le vieillissement cérébral.

Pas que le cerveau, le corps tout entier.

Ces dernières découvertes sont une vraie révolution dans la sphère des neurosciences. Et la méditation n’a pas fini de livrer tous ses secrets. Car plusieurs autres études permettent de penser que la méditation agit sur le corps tout entier. Elle pourrait par exemple amoindrir les phénomènes inflammatoires et ralentir le vieillissement cellulaire. La méditation ciblée pourrait même avoir une action sur un organe en particulier. Mais les mécanismes d’action de la méditation sont encore mal compris, et d’autres recherches seront nécessaires encore. Toutefois cela laisse présager de bien jolies choses dans l’application de la méditation à la médecine.